Archives Fonge et Florule

Le plaisir des Labiées (VI) :

Le Clinopode commun

Photo Yvan Bernaer

Le pied est souvent convoqué en botanique. Et ce, presque toujours en référence à un animal. Citons le Pied de chat, de loup, de lièvre, de griffon, de veau, de poule, de corbeau, d'alouette, le Chénopode (la Patte d'oie), ou l'Ornithope (le Pied d'oiseau), (du grec "pous, podos" : pied, patte).

Nous retrouvons cette racine grecque et sa dérivée latine : "pes, pedis", à travers des mots du vocabulaire botanique : pétiole, pétiolule, pédoncule, pédicelle... et quelques noms de genre tels Brachypode (ces graminées à épillets sur des pédoncules très courts), Polypode (ces fougères aux multiples pieds), ou Conopode (ces ombellifères à stylopode conique).

Notons qu'il convient de ne pas confondre le pied – d'où dérivent "podologue" et "pédicure" – avec le sol : "pedon" – qui donna "pédologie" (étude des sols), pédogène... – ni avec l'enfant : "pais,  paidos" – d'où sont issus "pédiatrie", "pédagogie", ou encore « pédologie » (étude de l'enfant).

De quoi s'emmêler les pieds ! Et dans le fond pourquoi tout cela ? Eh bien, pour en arriver à notre Labiée, que ce cher Carl von Linné – grand subjectiviste en matière de nomination – baptisa Clinopodium vulgare Linné, c'est-à-dire Pied de lit ! En quoi notre charmante Labiée, mollement velue, à calices en oeuf de raie, à fleurs nombreuses en verticilles compacts, perlée de la rosée de fin d'été... ressemble-t-elle à un pied de lit ? Par ses fleurs goulues à tube galbé... nous dit-on.

Comme s'il ne suffisait pas que l'estomac descendît dans les talons !... Voilà maintenant la bouche qui dévale jusqu'au pied !

Note :

Le Clinopode commun prise les sols sableux-calcaires du Berry, et s'installe volontiers dans les bois clairs et dans les haies.

Chronique Echo du Berry du 23 septembre 2010