Le Coprin noir d'encre
Le Coprin noir d'encre
Les Coprins noir d'encre entrent en déliquescence. Ils se frangent, se déchirent, se répandent, imbibent d'encre noire le buvard vert tendre humecté de brume.
Le sens majeur de la déliquescence est à chercher dans cette tragédie noire – et non dans quelque abstraction sur la décadence ou la décrépitude.
Marcel Josserand écrit :
"En voie de liquéfaction par altération, ou : sujet à s'altérer jusqu'à se liquéfier. Certains coprins se résolvent promptement en une liqueur noirâtre. Diffluant est presque synonyme : qui se ramollit au point de se liquéfier."
Que d'inflexions langagières volutées, de tournures galbées ! La déliquescence est bien cette métamorphose du solide au liquide, de la fraîcheur à la putréfaction, de la lumière aux ténèbres, de la vie à la mort... et tout cela autour d'un humble coprin à l'éphémère destin.
Le Coprin noir d'encre : Coprinus atramentarius (Bulliard : Fries) Fries, au nom latin pesamment liquoreux de son suaire noir, apparaît le matin dans le brouillard d'un pré... et disparaît le soir.
Il ne manque pas d'humour pour autant : son étrange pouvoir de toxicité en présence d'alcool lui valut quelques truculentes histoires, et l'utilisation de son encre pour de faux actes notariaux ne manque pas de piment.
Et Georges Becker nous relate qu'un mycologue du XIXème siècle poussa l'amour de la mycologie... jusqu'à écrire tout un traité sur les champignons à l'encre de coprin.
Chronique Echo du Berry du 18 novembre 2010
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