Archives Fonge et Florule

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Le Cortinaire trivial

Le Cortinaire trivial


Photo Yvan Bernaer

 

Il est tout à fait surprenant de remonter aux sources du mot "trivial". Du latin "trivium" : carrefour, aboutissement de trois voies, donc endroit particulièrement fréquenté. Ce mot donna "trivialis" : commun, banal – sens qui dériva au fil du temps vers "vulgaire", et même "obscène".

(On peut au reste constater la même descente aux enfers pour le mot "vulgaire", qui signifiait à l'origine, "répandu", "habituel").

En quelque sorte, ce qui fut considéré comme courant, fréquent, coutumier – par opposition à rare – sombra dans la vulgarité, le bas, le sale.

Quelle absurdité ! Car c'est oublier que la rareté tient essentiellement dans le regard. C'est le regard qui rend la chose rare – même quand elle est commune – et qui la magnifie.

Notre commun Cortinarius trivialis Lange en est un édifiant exemple. Sa beauté résulte de la convergence de trois caractéristiques rares... et nous voilà revenu à la source "trivium" : un chapeau luisant d'un épais gluten, à la lisière du miel et de la fange, un voile arachnéen visqueux – c'est à dire une toile d'araignée glutineuse qui ferait baver d'envie la plus tisseuse des araignées – et un pied orné d'anneaux étagés, fungique réplique des bracelets, de la couronne et du collier de la momie Rascar Capac, dans "Les 7 boules de cristal" (Tintin).

 

Note :

Tardif, aimant les litières de feuilles bien mouillées, le Cortinaire trivial pousse en ce moment en Berry. Il n'est pas toxique, mais immangeable.

 

Chronique Echo du Berry du 17 décembre 2009



20/12/2009
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