Le Cortinaire trivial
Le Cortinaire trivial
Il est tout à fait surprenant de remonter aux sources
du mot "trivial". Du latin "trivium" : carrefour,
aboutissement de trois voies, donc endroit particulièrement fréquenté. Ce mot
donna "trivialis" : commun, banal – sens qui dériva au fil du
temps vers "vulgaire", et même "obscène".
(On peut au reste constater la même descente aux
enfers pour le mot "vulgaire", qui signifiait à l'origine,
"répandu", "habituel").
En quelque sorte, ce qui fut considéré comme courant,
fréquent, coutumier – par opposition à rare – sombra dans la vulgarité, le bas,
le sale.
Quelle absurdité ! Car c'est oublier que la rareté
tient essentiellement dans le regard. C'est le regard qui rend la chose rare –
même quand elle est commune – et qui la magnifie.
Notre commun Cortinarius trivialis Lange en est
un édifiant exemple. Sa beauté résulte de la convergence de trois
caractéristiques rares... et nous voilà revenu à la source "trivium"
: un chapeau luisant d'un épais gluten, à la lisière du miel et de la fange, un
voile arachnéen visqueux – c'est à dire une toile d'araignée glutineuse qui
ferait baver d'envie la plus tisseuse des araignées – et un pied orné d'anneaux
étagés, fungique réplique des bracelets, de la couronne et du collier de la
momie Rascar Capac, dans "Les 7 boules de cristal" (Tintin).
Note
:
Tardif,
aimant les litières de feuilles bien mouillées, le Cortinaire trivial pousse en
ce moment en Berry. Il n'est pas toxique, mais immangeable.
Chronique Echo du Berry du 17 décembre 2009
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