Le gui
Le gui
Nombre d'oiseaux et de baies sauvages sont liés par un commerce équitable, à bénéfices réciproques : les baies offrent nourriture aux oiseaux en automne et en hiver, les oiseaux contribuent à la dissémination des graines.
Le transport des graines par les oiseaux – par le bec, les plumes, la boue collée aux pattes et surtout par les fientes – porte un nom : l'ornithochorie (du grec ornithos : oiseau, et choreo : « je me déplace » ... grâce aux oiseaux). Sous nos climats, il n'existe pas d'oiseau strictement frugivore ; l'avifaune qui se rabat sur la provende automnale et hivernale des baies se nourrit essentiellement de proies animales à la belle saison (insectes, vers, etc.). Les oiseaux perçoivent les couleurs et sont particulièrement attirés par les fruits rouges, noirs, lesquels se détachent nettement sur le vert, le gris, le beige... ou la neige du paysage. Si la plupart des baies sont rouges ou noires, le gui : Viscum album Linné (du latin viscum : glu), fait exception à la règle. Il faut dire qu'il entretient une relation tout en intimité avec la grive draine, jusqu'à lui avoir donné son nom : Turdus viscivorus.
Le gui, bien que doté de suçoirs, est aussi une plante chlorophyllienne : il synthétise ses propres substances nutritives et en fait même profiter son « arbre hôte » (peuplier, arbre fruitier ou autre feuillu, parfois conifère). Entre lui et l'arbre s'est instauré un mutualisme... comme entre l'oiseau et la baie.
Jadis les hommes piégeaient les oiseaux en les attirant avec des baies. Fort heureusement, les moeurs évoluent : si nous plantons arbres et buissons à baies dans notre jardin, désormais, c'est dans l'unique joie de nourrir et d'admirer les oiseaux ! ... un autre commerce équitable, en quelque sorte.
Lecture : Les oiseaux et les baies sauvages, de Claude Crocq. Edition Belin, Eveil Nature.
Chronique NR du 3 janvier 2008
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