Le lichen du prunellier
Le lichen du prunellier
Les lichens sont à la lisière de deux règnes.
Et ils réussissent le tour de force de bousculer notre
arithmétique commune : chez eux, 1 + 1 = 1 (une plante + un champignon = un
organisme autonome : le lichen¹).
Le joli mot de "lichen" vient du grec leikhen
: "lécher"... la plupart d'entre eux ayant l'air de
"lécher" leur support : arbre, rocher, terre, mousse...
Notre lichen : Evernia prunastri²
(Linné) Acharius, est florissant sur les branches de prunelliers et autres
feuillus (il est aussi appelé "mousse des chênes"), dont il blanchit
les branches de ses amas ébouriffés. Il est un indicateur de pollution, à
l'instar de nombre de ses congénères, et sa présence dans nos campagnes
témoigne d'un relatif bon air. Contrairement aux idées reçues, les lichens
corticoles ne sont en aucun cas parasites des arbres ; ils s'installent
seulement plus volontiers sur les arbres âgés, "aux écorces vieilles et
peu mobiles".
Evernia
: "bien né, florissant, qui profite"... ce nom sied à souhait à notre
lichen d'un vert presque blanc comme le lait – "qui profite au nourrisson
en bonne santé et bien nourri".
L'Association Française de Lichénologie est jeune et
enjouée. Elle le prouve par une trilogie rare : les femmes y ont largement leur
place, les préoccupations écologiques et humanitaires sont de mise, et un vent
d'utopie souffle sur la petite communauté... témoin cette flore de référence
écrite en espéranto : le "Likenoj" ³ !
Notes :
1– Les lichens sont une symbiose entre une ou des
algues vertes (parfois des cyanobactéries) chlorophylliennes, et un champignon
– un Ascomycète en général – qui assure la reproduction sexuée.
2 – Evernia prunastri est un des lichens fruticuleux
(en arbuscule) les plus fréquents. Le thalle en lanières aplaties, à deux
couleurs (vert pâle plus ou moins grisâtre ou jaunâtre sur le dessus, presque
blanc en dessous), réagit en jaune à la potasse et est pourvu d'abondantes
soralies (petits amas granuleux) sur le pourtour.
3– "Likenoj de Okcidenta Europo", de Georges
Clauzade & Claude Roux, Édition Société Botanique du Centre-Ouest, 1985.
Chronique Echo du Berry du 19 février 2009
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