Archives Fonge et Florule

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Le Limodore à feuilles avortées


Photos Yvan Bernaer

Le Limodore chante de l'or, et nos oreilles charmées en redemandent encore.

Mais l'étymologie nous conduit vers d'autres lumières : du grec haimodôron, désignant des plantes parasites à fleurs rouges (peut-être des orobanches), d'après Théophraste. Ou du grec leimôn : prairie, et dôron : don ; don de la prairie... selon Romagnesi. Et le botaniste Fournier d'y mettre son grain de sel : graphie vicieuse de haimôdoron... d'où l'on voit alors s'écouler le sang (haima).

Fort de toutes ces interprétations, de ces dérives sonores, penchons-nous nous-mêmes sur notre envoûtante orchidée et mêlons-y notre subjectivité. Sa silhouette effilée, ondulée et sans feuille, qui monte comme une flamme, et ses teintes violettes, brun violâtre, parfois touchées de rouge... évoquent une asperge qu'aurait monstrueusement enfantée le bord d'une route calcaire. Et le sang n'y est pas absent. Mais c'est de sang bleu dont il s'agit. De sang royal, et du roi à l'or... il n'y a qu'un pas. Et voilà comment ces transmutations langagières, irradiées d'étymologies douteuses et d'associations libres... rapprochent le Limodore de l'or.

Le Limodore à feuilles avortées : Limodorum abortivum (Linné) Swartz, se nourrit de trois façons : il vit en symbiose avec des russules, il est un peu chlorophyllien, et un tantinet parasite. Il est assez rare en Berry (on le rencontre surtout dans la région blancoise)... beaucoup moins rare que son homologue le Limodore de Trabut* (quel nom abrupt !), qui ne fut découvert qu'en 1999, sur la commune Les Bordes... au Bois-du-Roi.

 

(30 mai 2013)

 




01/06/2013
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