Le Pâturin bulbeux vivipare
Le Pâturin bulbeux vivipare
Le
Pâturin bulbeux vivipare est un monstre : ses fleurs se sont métamorphosées en
bulbilles. Ses organes sexués se sont disloqués et ébouriffés en organes
asexués – dont le destin était d'être au contact avec la terre. Les parties
telluriques de la plante sont montées à l'assaut des parties aériennes, les ont
dévorées et ont pris leur place.
La
monstruosité est belle – d'une beauté qui nous fige et nous envoûte. Quelle est
cette graminée aux doigts crochus-tuméfiés, rouges et verts, agglutinés en
balai de sorcière ?
Les
plantes et les animaux ont une manière différente de vivre leur viviparité (du
latin "vivere" : vivre, et "parere" :
engendrer). Chez les animaux vivipares – dont nous sommes – l'œuf se développe
complètement dans le corps de la mère. Les plantes vivipares, quant à elles,
engendrent des bourgeons ou des bulbilles sur leurs parties aériennes (tiges,
feuilles, inflorescences), qui se détachent, choient au sol et donnent
naissance à une nouvelle plante.
Trois
graminées s'adonnent à la viviparité : la Fétuque vivipare (elle l'est
toujours), le Pâturin des Alpes (il l'est occasionnellement), et notre Pâturin
bulbeux, très fréquent dans sa variété vivipare : Poa bulbosa
Linné var. viviparia Borkhausen – notamment sur les lisières
du Bois-du-Roi, près d'Issoudun.
Note :
Dans sa monographie des
"Poa de France, de Belgique et de Suisse", Robert Portal émet
l'hypothèse que la viviparité serait une adaptation de la plante à des
conditions écologiques et de reproduction difficiles". Il signale que le
Pâturin bulbeux vivipare affectionne les vieux murs... et qu'il affiche une incontestable
valeur décorative.
Chronique
Echo du Berry du 20 mai 2010
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