Archives Fonge et Florule

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Le phellin trivial

L'homme, le cochon et le champignon

 

Photo Yvan Bernaer

 

Le Télérama hors série « Bêtes et Hommes 1 » brille par ses photos insolites. Trois d'entre elles sont particulièrement savoureuses, fondamentalement drôles et philosophiques, en ce qu'elles sont un jeu de ressemblances entre l'homme et la bête... ou entre la bête et l'homme, car on ne sait plus très bien qui de l'homme ou de la bête ressemble à l'autre, ce qui bouscule sérieusement notre anthropomorphisme, lequel est toujours un anthropocentrisme.

Dans ce triptyque intitulé « L'élevage élève la bête et l'homme », une femme a le doux regard de sa vache, un tondeur de moutons prend une pose impériale comme son bélier, et un éleveur de porcs sourit comme sa truie, ce qui lui retrousse un tantinet le nez en groin... et nous ramène à notre champignon qui lui aussi ressemble à un groin. Ce rapprochement fortuit m'a sauté aux yeux comme une évidence !

Les allusions au porc ne manquent pas en mycologie, tels les bolets visqueux du sous-genre Suillus,  « tout juste bons à être mangés par les cochons », ou Cortinarius suillus : « sale comme un porc », ce qui est une hérésie pour ce magnifique cortinaire, roux intense flammé d'un beige si doux qu'il rappelle un duvet d'oiseau, ou encore le mot italien « porcini » qui désigne les bolets.
Notre polypore en groin est le phellin trivial : Phellinus igniarius variété trivialis 2 (Bresadola  ex Killerman) Niemelä.

D'aucuns lui trouveront plutôt quelque ressemblance avec une truffe,  gros nez rond... museau de chien... ou champignon !  ... ce qui de toute façon nous ramène au porc, ou plus précisément à la truie, celle-ci étant utilisée pour rechercher la truffe du Périgord, le diamant noir, qui paraît-il exhale l'odeur du verrat !

 

 

Notes :

1 – Ce numéro de septembre 2007 faisait écho à l'exposition « Bêtes et Hommes » de la Grande Halle de la Villette.

2 – Le type, à croûte mate, gris noirâtre, à bourrelets peu nombreux et peu marqués sur le chapeau, à marge obtuse, croît en milieu ouvert, souvent dans les nécroses des gros saules isolés, alors que notre variété « trivialis », à croûte noire et brillante, à bourrelets nombreux, à marge aiguë, est un hôte habituel des saules en milieu fermé et humide, notamment en bordure des étangs indriens.

Chronique NR du 21 février 2008



06/03/2008
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