Le Polypore des brumes
Le Polypore des brumes
Sur la
branche moussue, voilà bien la silhouette d'un parfait petit champignon – telle
qu'un enfant pourrait la dessiner : chapeau circulaire, plat et mince,
légèrement déprimé au centre, pied central, cylindrique et svelte. Ajouter à
cela que le diamètre du chapeau est sensiblement égal à la longueur du pied...
et notre mignon champignon s'inscrit dans un cube, à l'instar des tricholomes
et des russules.
Mais
quand on regarde dessous... oh surprise ! A la place des lames attendues, c'est
une dentelle blanche de petits pores qui s'offre à nos yeux. Réguliers,
oblongs-anguleux et bien visibles à l'oeil nu (2 à 3 pores "tiennent"
dans 1 millimètre), ils singularisent entre autres notre polypore : Polyporus
brumalis (Persoon) Fries, et permettent de le distinguer des
espèces proches et ressemblantes : Polyporus ciliatus, à pores
minuscules, invisibles sans le secours de la loupe, Polyporus arcularius
et Polyporus mori, tous deux à pores nettement plus grands et en
alvéoles.
Mais la caractéristique essentielle et surprenante de notre champignon réside bien dans sa poussée hivernale (les autres espèces sont printanières, estivales ou automnales). Et c'est tout bonheur que de découvrir ses petits chapeaux bruns et comme couverts de givre, sur le ventre verdoré des mousses, au milieu des frimas.
Note :
Profitons-en pour un bref
rappel des principales espèces du genre Polyporus :
– Polyporus ciliatus
(= P. lepideus) : pores minuscules (5 à 7 par mm), pied pâle,
chiné-tigré de brun (alors que P. brumalis a un pied brunâtre, uni).
– Polyporus arcularius
: chapeau brun-jaune finement squamuleux, pores alvéolés et assez grands (1 à
2mm de diamètre) ; il appartient au groupe de P. brumalis, par la
présence d'une trame blanche et dense entre les tubes, bien visible en coupe à
la loupe).
– Polyporus mori (= P.
alveolarius = Favolus europaeus) : chapeau fauve orangé à squames
plus foncées, pores alvéolés et nettement plus grands (2 à 5mm de diamètre).
– Polyporus tuberaster
(= P. lentus = P. forquignoni) : Chapeau crème à jaune-brun pâle,
à squames plus foncées et relevées ; pied clair et velu à la base, pores de 1 à
2mm de diamètre. Ce polypore énigmatique naît sur les branches de feuillus dans
nos régions, et à partir d'un sclérote enfoncé dans la terre dans le sud.
Ces cinq polypores sont de
petite taille.
P. brumalis
et P. ciliatus se ressemblent par leur chapeau brun et uni, P.
arcularius, P. mori et P. tuberaster par leur chapeau
à tonalité jaune, semé de squamules plus foncées.
En ce qui concerne la
dimension des pores, reprenons ces cinq espèces – des plus petits pores aux
plus grands – en mentionnant les fourchettes de valeurs du diamètre des pores
(en assimilant les pores à des cercles) :
P. ciliatus
: 0,15 à 0,2mm
P. brumalis
: O,3 à 0,5mm
P. arcularius
et P. tuberaster : 1 à 2mm
P. mori :
2 à 5mm
P. arcularius
et P. mori sont d'affinité méridionale.
P. ciliatus,
P. arcularius, P. mori sont des espèces vernales, P.
tuberaster se rencontre du printemps à l'automne.
Les autres espèces courantes du genre Polyporus sont bien singularisées
par le présence de noir sur leur pied :
– Polyporus
varius (= P. leptocephalus) : petit
à moyen ; moitié inférieur (ou seulement base) du pied noire, nettement
délimitée.
– Polyporus badius
(= P. picipes = P. durus) : moyen ; chapeau typiquement bai à
brun sombre, luisant d'un éclat gras ; pied brun-noir, de la base jusqu'aux
tubes ; sur feuillus. Il est le seul Polyporus européen à hyphes
génératrices non bouclées.
– Polyporus melanopus
: même allure que le précédent, mais plus clair (alutacé à brun tabac), non
luisant mais tomenteux ; pied brun-noir ; paraît terricole, mais poussant sur
débris enfouis de feuillus et conifères.
– Polypors squamosus
(le champignon-chouette) : le plus grand, ocre jaune à squames brunes ;
base du pied noire ; printemps-été, souvent en hauteur sur les feuillus.
Chronique Echo du Berry du 4 mars 2010
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