Le polypore soufré
Le polypore soufré
Passer de l'état de jeunesse – où il exulte en bourrelets jaunes, orange, telle une omelette onctueuse – à l'état de vieillesse, où il n'est plus que lambeaux blanchâtres et pendouillants sur l'arbre... déroute quelque peu le promeneur de la nature.
C'est que la connaissance intime de ce polypore fait appel à des observations attentives et répétées, à des accompagnements tendres et passionnés... à de l'amour ! Mais quelle récompense quand toute hésitation sur son identité s'estompe ! Et quel plaisir pour les humains que nous sommes – soumis à nos changements lents et progressifs – d'assister à pareille métamorphose en un temps éclair !
Le polypore soufré : Laetiporus sulphureus (Bulliard : Fries) Murill, a la chair caséeuse, c'est-à-dire de la consistance du fromage. Mais de quel fromage s'agit-il ? D'un camembert frais et coulant, ou d'un chèvre sec qui s'effrite sous le couteau ? C'est bien de ce deuxième dont il est question, tant notre champignon devient sec et friable dans la vétusté.
Sa flamboyante beauté n'a d'égal que son redoutable parasitisme. Henri Romagnesi nous confie « qu'un arbre attaqué par lui est presque toujours condamné... qu'il meurt lentement, évidé par l'intérieur, tout en conservant un aspect extérieur de bonne santé, jusqu'au moment où il s'écroule brusquement » .
Ce champignon réputé comestible est très peu prisé en France... alors que les Américains en raffolent ! Si vous souhaitez le goûter (il est fréquent dans l'Indre), faîtes-le pendant qu'il est encore jeune... avant qu'il ne dégage sa singulière « odeur de ménagerie » !
Chronique NR du 3 juillet 2008
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 57 autres membres