Archives Fonge et Florule

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Le prunellier

La blanche épine-noire
 
Photo Yvan Bernaer

 

« La campagne est crémeuse... des prunelliers en fleur ».

Si Jean Cocteau fut le prince de l'oxymore – cette figure de style qui marie des mots contraires, pour leur donner force et relief, tels « douce violence », « obscure clarté », « feu de paille qui dure », ou cette définition éblouissante de l'oeuvre de Marcel Proust : « miniature géante »...

l'épine-noire en est incontestablement la princesse : blanche par ses fleurs, noire par ses rameaux (et de surcroît par ses fruits en automne !).

Mais l'oxymore ne se limite pas à cette opposition : l'épine-noire ou prunellier (Prunus spinosa Linné) apporte de la crème (douce par essence) à un moment où le printemps n'est pas encore vraiment installé : les assauts de l'hiver se font toujours sentir, les arbres demeurent exsangues, l'air est vif et tranchant, à l'instar du jaune dur et sans mélange des forsythias.

Par ailleurs, les fleurs blanches et délicates de l'épine-noire sont de la dentelle dans des armées d'épines, et le grand botaniste Robert Corillion n'hésitait pas à parler de « hautes friches armées », en convoquant le prunellier, la ronce et l'églantier.

L'épine-noire exhibe ses fleurs avant ses feuilles, ce qui suffit à la différencier de l'épine-blanche ou aubépine – laquelle fleurit plus tard et dont les fleurs mêlées au feuillage donnent l'aspect d'une « soupe de poireaux aux vermicelles » (souvenir d'enfance).

L'épine-noire habite sans modération les friches et les haies du bocage indrien, qui abritent en leur sein les délicieux mousserons... tant attendus pour la Saint Georges !




 

Chronique NR du 12 avril 2007



24/07/2007
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