Les dessous de la jupe
Il est quelques champignons du bois que l'on ne peut déterminer dans la nature... sans y glisser le regard dessous. Ainsi en est-il de Lenzites betulina, dont le feutre velouté du dessus pourrait évoquer quelque Tramète hirsute ou pubescente, et qui ne dévoile sa vraie nature qu'en rayonnant de toutes ses lames1, ou de Schizophyllum commune qui montre patte rosâtre et lamellée sous son moutonnement blanc... ou encore de notre Plicature crépue : Plicaturopsis crispa (Persoon : Fries) D. A. Reid qui, sous sa petite jupe brun miel, nous irradie de ses plis ramifiés, crispés, interveinés, anastomosés, presque alvéolés en arrière2, d'une couleur crème nuancée de gris verdâtre.
La Plicature crépue aime l'hiver. Discrète et peu fréquente, elle se montre cependant grégaire et étage ses jupettes sur les troncs et souches de hêtres, de noisetiers et autres feuillus. Le Chanoine Hubert Bourdot , qui vécut à Saint-Priest-en-Murat dans l'Allier et honora la mycologie française de son magistral ouvrage Hyménomycètes de France en 1928, se livre à une description ciselée de notre petit champignon, agrémentée de mots rares qui pourraient faire le bonheur de plus d'un cruciverbiste ou joueur de scrabble : Chapeau atténué en stipe3 latéral ou dorsal, ou sessile, cupulaire cuculliforme4 réfléchi, lobé, sillonné, subzoné, villeux, fauve clair à fauve brun ; bords plus clairs, enroulés en séchant ; plis radiants, dichotomes, crispés, subporiformes en arrière, blancs ou glauques.
(1er Mars 2012)
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 57 autres membres