Pertusaria amara
Le lécheur léché
De ma même façon qu'il existe l'arroseur arrosé, il n'est pas rare de rencontrer dans la nature le lécheur léché. Le premier lécheur est un lichen (du grec leikken : lécher) ; il lèche son support : rocher, mur, tuile, macadam, arbre... Le second lécheur est un lichénologue – débutant de préférence : il lèche les lichens blanchâtres et crustacés sur les écorces (c'est un rite obligé pour entrer en lichénologie)... afin de déceler leur éventuelle amertume. Quand tel est le cas, il pousse un cri de victoire accompagné d'un horrible rictus : c'est Pertusaria amara !
Les Pertusaria tiennent leur nom de leur surface pertuise de petits cratères, d'aréoles et de crevasses. Cette référence au percement se retrouve, fort différemment certes, chez les millepertuis, dont les feuilles parsemées de glandes translucides semblent criblées d'une multitude de petits trous.
En sus de sa saveur très amère, Pertusaria amara (Acharius) Nylander se singularise par son thalle gris blanchâtre, verdissant à l'humidité, non zoné en lisière, semé de soralies isolées et arrondies, de consistance molle sous le doigt, devenant violettes en présence de potasse agrémentée d'eau de Javel, et par ses asques à une seule spore.
Le lichen de la photo a élu domicile sur un hêtre, aux Parelles, près de Crevant, au sud de La Châtre. Ce site offre de merveilleuses promenades, tantôt au milieu des blocs de granite et des trognes de châtaigniers, tantôt le long d'un ruisseau qui court dans une prairie enchantée, peuplée de Scirpes des forêts, de Cirses des marais, d'Angéliques sauvages et de Lysimaques des bois.
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