Phalaris arundinacea
Le mystère de la lemme
L'épillet est la clef de voûte de l'architecture graminéenne. C'est en son creuset que se prépare la fleur et que mûrit le grain.
Vu de l'extérieur, il ressemble à un assemblage de petites écailles qui s'imbriquent de la base vers le sommet, se superposent ou se recouvrent entièrement ; ce sont des feuilles modifiées ou bractées ( du latin bractea : feuille de métal), et cette étymologie exprime clairement le rôle qui leur est imparti : celui de protéger les fleurs et les graines. Les deux bractées de la base se font appeler glumes, pendant que celles qui veillent sur chaque fleur préfèrent le petit nom de glumelles ; la supérieure est la paléole et, de concert avec la glume et la glumelle, glorifie la balle du blé (palea ou gluma en latin).
En ce qui concerne la glumelle inférieure, la lemme, il en va tout autrement : son étymologie botanique demeure un mystère. La racine grecque lêmma – qui fait appel à ce qui est accordé... à ce qui est atteint par les sens ou l'intelligence (lambanein) – ne se décline en français qu'au masculin : le lemme, et ce dans les domaines savants que sont la logique, les mathématiques ou la linguistique. Quoi qu'il en soit, il s'agit toujours d'une proposition préliminaire, majeure, nécessaire à la poursuite d'un raisonnement, d'une démonstration... et c'est peut-être là que se tient la clé de l'énigme du glissement du mot vers le féminin : la lemme est la glumelle la plus importante de l'épillet, c'est elle qui axille la fleur.
Malgré cet effort d'imagination, reconnaissons que... nous restons devant un dilemme !
Le Faux-roseau de la photo : Phalaris arundinacea Linné, peuple les fossés humides , les bords de rivières et d'étangs du Berry. De ses deux mètres de haut, il arbore ses épillets uniflores, rougeoyants... bien avant que ne fleurissent les panicules violettes du vrai Roseau.
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